Hong Kong: 47 personnes inculpées au nom de la loi sur la sécurité nationale
La police hongkongaise a annoncé ce dimanche 28 février des poursuites pour « subversion » contre près d'une cinquantaine de membres de la mouvance pro-démocratie, soit le groupe le plus important inculpé le même jour au nom de la loi draconienne sur la sécurité nationale.
Elles comparaîtront ce lundi 1er mars au matin devant le tribunal. La police a annoncé dimanche que 47 personnes avaient été mises en examen pour « complot en vue de commettre un acte de subversion ». C'est l'une des qualifications visées par cette loi, que Pékin a imposée à Hong Kong l'an dernier en réponse aux mois de manifestations qui avaient ébranlé la ville en 2019. L'ex-colonie britannique avait alors traversé sa pire crise politique depuis sa rétrocession en 1997 à la Chine.
Ces inculpations interviennent un mois après un vaste coup de filet au cours duquel 55 personnes, dont certaines des figures les plus connues du mouvement pro-démocratie avaient été arrêtées.
Les personnes inculpées ce dimanche représentent donc un spectre très large de l'opposition locale, avec d'anciens députés chevronnés comme James To ou Claudia Mo, des universitaires, des avocats, des travailleurs sociaux et nombre de militants plus jeunes.
Le nouveau texte de loi s'attaque à quatre types de crime : la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères. Ces poursuites, qui ne donnent lieu en général à aucune libération sous caution jusqu'au procès, sont passibles de la prison à perpétuité.
Les autres personnes inculpées incluent un ensemble de jeunes activistes démocrates dits du « camp de la résistance », dont Lester Shum, Sam Cheung, Ventus Lau et Fergus Leung. « La démocracie n'est jamais un cadeau du ciel, a déclaré Jimmy Sham, militant des droits LGBT et l'un des principaux organisateurs des manifestations de 2019. Nous pouvons dire au monde entier qu'en dépit du système politique le plus pénible, les Hongkongais sont la lumière de cette ville. Nous resterons forts et continuerons la lutte pour ce que nous voulons. »
Primaire non officielle
Le délit présumé qui motive au départ cette vaste série d'inculpations est l'organisation d'une primaire non officielle l'été dernier pour choisir les candidats au Conseil Législatif dans l'espoir que le camp démocrate parvienne à emporter la majorité pour la première fois. De nombreux candidats choisis ont ensuite été disqualifiés et les autorités ont reporté l'élection à septembre de cette année pour cause de pandémie de Covid-19.
Les responsables de Pékin et Hong Kong ont décrit cette primaire comme une tentative de « renverser » et de « paralyser » le gouvernement de la ville. Autrement dit, une « menace pour la sécurité nationale »
Parmi les inculpés, Benny Tai, ancien professeur de droit exclu de l'université de Hong Kong pour son activisme en 2019, cofondateur du mouvement Occupy central en 2014, est aussi l'un des organisateurs de cette primaire. « J'ai peu de chance d'obtenir une libération sous caution », s'est-il résigné un peu plus tôt sur les réseaux sociaux, cité par Reuters.
« Infime minorité » ciblée, selon Pékin
Les Occidentaux ont accusé Pékin d'utiliser ces arrestations pour mettre fin aux libertés pourtant garanties par le principe « un pays, deux systèmes » inclus dans la déclaration commune sino-britannique de 1984 qui a scellé la rétrocession. Un principe que Pékin s'était engagé à respecter pendant un demi-siècle après le retour de Hong Kong à la mère patrie en 1997.
Après les 55 arrestations du mois dernier, la Commission des droits de l'homme des Nations unies avait réagi vivement. Ce coup de filet, confirmait, selon elle, que la nouvelle loi « était utilisée pour arrêter des personnes dans l'exercice légitime de leurs droits à participer à la vie politique publique ». Cette loi, s'est défendu le gouvernement de Pékin, ne cible qu'une « infime minorité » et est « nécessaire » pour « restaurer la stabilité ».
Commentaires
Enregistrer un commentaire