La marge de manœuvre étroite de Joe Biden
Guérir l’Amérique, c’est l’engagement pris samedi soir quelques heures après l’annonce de sa victoire par le président élu Joe Biden. Et sa première action sera de mettre en place dès aujourd’hui une cellule de crise sur le Covid-19. Mais le nouveau président devra aussi très vite s’atteler à guérir l’économie américaine.
Joe Biden hérite d’une économie à terre et l’accélération de la pandémie n’est pas une bonne nouvelle.
La situation économique est aujourd’hui presque aussi préoccupante que la situation sanitaire. La timide reprise de cet été, très largement due au programme de soutien massif voté en mars par le congrès –2.200 milliards de dollars + 500 milliards de rallonge en avril s’essouffle. Les aides versés aux ménages ont certes permis d’éviter la récession mais des pans entiers de l’économie, comme le tourisme, l’aérien, la restauration qui emploient des millions de personnes voient leur espoir d’une reprise durable de l’activité s’envoler avec l’augmentation exponentielle des contaminations.
Joe Biden, qui ne prendra ses fonctions que le 20 janvier, ne va pas confiner le pays comme l’a souvent accusé à tort Donald Trump. Et le voudrait-il, il n’en a pas le pouvoir puisque la politique sanitaire être entre les mains de chaque État. Mais ce que va chercher à faire le prochain locataire de la Maison Blanche, c’est contrôler la pandémie avant l’arrivée d’un vaccin et surtout coordonner les efforts pour limiter au maximum l’impact sur l’économie.
Mais Joe Biden hérite de comptes très dégradés alors que l’économie américaine va avoir besoin et très vite d’un nouveau plan de soutien ….
Les négociations au Congrès entre démocrates et républicains vont reprendre très vite, sans attendre la prestation de serment le 20 janvier du 46e président américain.
Il va falloir renflouer les États et les collectivités locales en faillite. Débloquer en urgence des aides supplémentaires aux ménages. Rappellons que la paralysie de l'économie a détruit plus de 22 millions d'emplois et si depuis la moitié de ces emplois a été créés, des millions d'Américains sont aujourd'hui sans activités et bientôt en fin de droit pour les allocations chômage.
Des mesures de soutien également aux PME confrontés à de sérieux problèmes de trésoreries, faute de quoi on va assister à des faillites en cascade
Agir vite et fort donc pour éviter une aggravation de la crise. Ce n'est pourtant pas ce qui se dessine. Les Républicains par idéologie ne signeront pas un chèque en blanc à Joe Biden même si Donald Trump a réussi à torpiller les principes économiques de son parti et sa sacro-sainte orthodoxie budgétaire... La dégradation des comptes publics est sans précédent. Le déficit américain va dépasser cette année le niveau record de 3000 milliards de dollars. C'est historique ! En comparaison, après la crise financière de 2008, le déficit enregistré par l'administration Obama n'avait pas dépassé les 1600 milliards.
Avec un sénat pour l'instant à majorité républicaine, la marge de manœuvre de Joe Biden va donc être étroite
Son ambitieux programme --7000 milliards de dollars sur 10 ans-- va être confronté à la dure réalité des luttes partisanes au Congrès. Pour le financer Joe Biden a en effet prévu de faire payer les plus riches en augmentant le taux d’impôt sur les sociétés de 21 % à 28 % – il était de 35 % avant la réforme Trump, et en taxant les 1% les plus nantis. Mais si les Républicains gardent la majorité au Sénat, l'essentiel de cet agenda économique, en particulier ses hausses d'impôt, disparaîtra.
L'administration Biden devra revoir revoir ses ambitions à la baisse. Car si les Républicains peuvent céder sur les projets de développement d'infrastructures et des énergies renouvelables, ils ne concèderont pas une augmentation des dépenses de santé et d'éducation, au cœur du programme de Joe Biden... Encore une fois par idéologie.
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